Le thème de culture générale 2020 porte sur le désir. Ce thème est relativement vaste et différentes approches sont possibles. Ainsi, dans cet article, je ne vais non pas rédiger une dissertation complète, mais plutôt tenter d’aborder le thème sous un premier angle.
Ébauche d’introduction

Tout d’abord, il faut dissocier le désir du besoin. En effet, le besoin est naturel, nécessaire et parfois même nécessaire à notre survie. À l’inverse, le désir est non-naturel et éphémère. Il découle de l’absence ou du manque et nous plonge dans un état de mal être, voire dans la souffrance.
Face à un sujet comme celui-là, plusieurs questions sont à se poser. Voici une liste non exhaustive de questions possibles pouvant aider à la problématisation du sujet.
- Est-ce la nature de nos désirs qui nous effraie ?
- Craignons-nous d’être dépassés par la puissance de nos désirs ?
- Mais n’est-il pas dangereux de ne pas s’avouer ses désirs, n’est-ce pas mal se connaître soi-même ?
- Dès lors, comment nous réconcilier avec nos désirs ?
Pistes de développement
I. Il faut être mesuré dans notre approche du désir
· Aborder nos désirs avec prudence
Pensons à Descartes qui, dans la troisième partie du Discours de la Méthode (1637), écrit « qu’il faut changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » lorsque l’on part à la recherche de la vérité. Cela suggère qu’il faut aborder nos désirs avec prudence : ceux-ci ne sont pas à craindre mais s’entêter dans la poursuite de nos désirs pourrait être dangereux et provoquerait d’importants bouleversements.
· Voire même effectuer un classement de nos désirs
Nous pouvons nous pencher ici sur la réflexion épicurienne. Dans La Lettre à Ménécée, Épicure propose préconise un classement des différentes espèces de désirs, afin d’atteindre la santé du corps et la tranquillité de l’âme. Il distingue alors :
- Les désirs naturels et nécessaires ; indispensables au bonheur.
- Les désirs naturels et non nécessaires ; qui ne sont pas mauvais mais qui ne sont pas à satisfaire à tout prix.
- Les désirs non naturels et non nécessaires ; dont il faut rester à l’écart.
II. Mais n’est-il pas dangereux de ne pas s’avouer ses désirs, et n’est-ce pas mal se connaître soi-même ?
· Ne pas céder sur son désir
D’un point de vue psychanalytique, Lacan suggère de « ne pas céder sur son désir ». Selon lui, il ne s’agit pas de se repérer selon la logique traditionnelle du Bien et du Mal, mais de se régler sur le désir inconscient. Prenons l’exemple célèbre d’Elisabeth von R ; patiente de Freud qui se plaignait de douleurs insoutenables dans les jambes. En ne s’avouant pas le désir qu’elle éprouvait pour son beau-frère, elle a cédé sur son désir et n’a pas pu apporter de solution à ce problème.
· La souffrance conséquente à l’absence de désir
Dans Le Protocole compassionnel (1991), Hervé Guibert raconte son quotidien d’homme malade, atteint du SIDA. Son corps n’est plus objet du désir érotisé car sa maladie a trop d’emprise sur lui.
Dans la même idée, dans Les Particules élémentaires (1998), Michel Houellebecq introduit le personnage de Michel Djerzinski, qui a été abandonné par ses parents et n’a par conséquent jamais éprouvé de sentiments. Ainsi, parce qu’il n’a pas été désiré par ses parents, il lui est impossible d’éprouver lui-même du désir.
III. Comment se réconcilier avec ses désirs ?
· La subversion du désir
Dans la revue La Cause du Désir, la psychanalyste Dominique Miller raconte dans un article intitulé Une femme honnêtel’histoire d’une mère de famille rangée. Cette dernière s’est toujours sentie muselée, obligée d’être au service de ses élèves, de ses enfants, de son mari. Mais un jour, elle a rencontré un collègue qui l’a écoutée et avec qui elle entretient une relation adultère. Cette femme est bien consciente que la double vie qu’elle mène n’est pas bien, mais elle n’a pas cédé sur son désir et assume pleinement son désir d’être femme.
· La révision de ses désirs
Toujours dans cette même revue, le psychanalyste Jacques Ruff se penche sur le cas de Christophe Moulin, dit Moulinos, un alpiniste renommé. Celui-ci s’est longtemps lancé à corps perdu dans l’alpinisme, jusqu’au jour où il a réalisé que chaque ascension relançait son désir d’ascension de nouveaux sommets. Moulinos a fait le choix de la vie en se mettant de manière intensive au vélo, sport moins dangereux que ses solos en alpinisme.
NB : cet article a été écrit avec mes propres références de philosophie, les arguments sont donc améliorables et/ou à compléter, le défaut de cette ébauche de dissertation étant peut-être l’angle trop psychanalytique que je lui ai fait prendre. Alors à vous de jouer !
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