La courbe en J est un apport théorique incontournable à bien maîtriser. Il s’agit d’une représentation graphique permettant d’analyser les effets d’une dépréciation monétaire sur le solde de la balance commerciale d’un pays. Ce sont les économistes Marshall et Lerner qui, à des époques différentes, l’ont formalisée.
Vidéo explicative
Préalables nécessaires à la bonne compréhension !
D’abord, il est fondamental de bien comprendre la différence entre dévaluation et dépréciation.
A priori ces deux concepts font grossièrement référence à « la perte de valeur d’une devise ». Cependant une subtilité extrêmement importante permet de distinguer ces notions.
Une dévaluation désigne la perte de valeur d’une monnaie dans un système où les taux de change sont fixes. Autrement dit dans un système dans lequel, de façon concertée, les états décideraient de baisser la valeur d’une devise. Cela fait donc référence à un système monétaire international.
En revanche, une dépréciation monétaire caractérise la perte de valeur d’une monnaie dans un système de change flottant, dans lequel, la valeur des monnaies évolue les unes par rapport aux autres au grès des fluctuations qu’impose le marché et donc la loi de l’offre et de la demande.
Dernière notion à appréhender : la compétitivité. La compétitivité est pour une entreprise ou un pays la capacité à pouvoir être attractif par rapport à la concurrence. Rappelons qu’il existe deux tenants à la compétitivité : on distingue la compétitivité prix, de la compétitivité hors-prix. En l’occurrence, les effets de la courbe en J ne portent que sur la compétitivité prix – ce qui en constitue d’ailleurs une limite évidente.
La courbe en J : Explication !
Selon Marshall-Lerner, toute chose étant égale par ailleurs, lorsqu’une devise perd de la valeur, on distingue deux phases se produisant chronologiquement.
Phase 1 : La détérioration
Dans un premier temps, le déficit du solde de la balance commerciale s’accroît ou du moins l’excédent diminue. Ils l’expliquent de la manière suivante : lorsqu’une devise perd de la valeur, les importations du pays en question vont coûtées plus cher, alors que les exportations, étant financées en devise nationale, vont rapportées moins. Cette phase de détérioration s’explique comme étant le résultat d’un « effet prix », qui est la première conséquence d’une dépréciation ou d’une dévaluation.
Phase 2: L’effet quantité
Dans un second temps, les consommateurs, s’apercevant de la hausse des prix des produits étrangers, vont se rabattre sur les produits nationaux. Par ailleurs, comme le pouvoir d’achat de la monnaie du pays en question diminue, les produits exportés sont moins chers pour les consommateurs étrangers. Ces derniers vont donc acheter ces produits en plus grande quantité. La perte en revenu d’exportation engendrée par la diminution de la valeur d’une devise, se retrouve donc compensée par les quantités achetées. Cet effet quantité est à l’origine d’un excédent commercial fort qui survient quelques temps après la première phase.
A noter : : La courbe en J est un argument conjoncturel : pour donner de l’air à l’activité économique en cas de chômage par exemple on diminue la valeur de notre monnaie « et hop ça repart ! » . Il ne s’agit en aucun cas d’un argument structurel, bien qu’il faille savoir que l’efficacité de cette méthode dépend beaucoup d’éléments structurels.
La courbe en J en pratique !
Comme tout argument théorique, l’important est de confronter les présupposés théoriques avec ce que l’on constate empiriquement. Voyons donc les conditions d’application de la courbe en J, puis les résultats empiriques constatés !
Les conditions d’application
Pour que la perte de la valeur d’une monnaie puisse, dans un certain court terme, aboutir à un excédent commercial, certaines conditions doivent être respectées. Voici les principales conditions d’application de la courbe en J :
- L’élasticité des exportations et des importations par rapport aux prix – c’est le fameux théorème des élasticités critiques : la somme de l’élasticité des exportations et de celle des importations par rapport au prix doit dépasser 1.
En effet, dans un système où il existerait par exemple une rigidité des importations par rapport au prix, la substitution escomptée ne pourrait pas avoir lieu. - Il est indispensable qu’une production nationale puisse se substituer aux productions extérieures et ce sans qu’il y ait de dépendance en amont ou en aval de la chaîne de production au risque de voir l’éventuel excédent diminuer.
- Le pays en question doit disposer d’un appareil productif suffisamment performant pour pouvoir répondre à l’accroissement des exportations.
- Il est nécessaire aussi que les intermédiaires répercutent l’effet de la dévaluation sur les prix.
Résultat fonctionnel ou non ?
D’une manière générale, l’application de la courbe en J a plutôt bien fonctionné dans les années 1950-1970. Cependant à partir des années 70, l’entrée dans une complémentarité inflation- chômage, ainsi qu’une spécialisation toujours plus forte des économies rendent inefficace son application. En effet, l’ultra spécialisation implique l’interdépendance des économies, or pour être efficace, l’appareil productif des pays doit fonctionner indépendamment les uns des autres. (cf: Les conditions d’application de la courbe en J). Par ailleurs, alors qu’aujourd’hui l’internalisation des capitaux (installation des firmes à l’étranger) est générateur de croissance et est à l’origine de la compétitivité de nombreuses firmes, la baisse de la valeur des monnaies handicape le processus d’internationalisation.
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