La Russie se trouve au centre de l’actualité médiatique contemporaine depuis son invasion en Ukraine le 22 février 2022. Un sujet sur ce pays ne serait donc pas incongru. Cette guerre est un sujet sensible, donc à traiter factuellement sans prise de position. Je vous propose aujourd’hui d’analyser une confrontation idéologique sous l’angle du discernement.
Alors que l’Alliance Occidentale (Union Européenne, Royaume-Uni, Etats-Unis et plus largement l’OTAN) scande la théorie de l’attaque unilatérale de la Russie en Ukraine, la Russie défend elle la théorie de la défense contre une « nazification de l’Europe ». En ce sens, le sujet propose un questionnement sur les intérêts sous-jacents de la Russie dans la guerre en Ukraine : pourquoi cette guerre pour la Russie ?
Un choix démagogique : la théorie de la défense
Faut-il blâmer Vladimir Poutine dans le choix de la guerre en Ukraine ?
Naturellement, dans l’opinion publique occidentale, le oui semble l’emporter. Cela dit, il n’est jamais interdit de se faire un avis sur l’opinion ou la tendance politique adverse, et de se faire l’avocat du diable parfois, pour construire une analyse éclairée de la situation : c’est ce que nous allons tenter de faire dans cette partie, sans tomber dans les méandres de la propagande russe.
Plusieurs analyses peuvent être en effet menées, qui mènent toutes à la question : Vladimir Poutine, en fait, avait-il le choix ou non de telles actions ?
Commençons par répondre par l’affirmative. Oui, philosophiquement, on a toujours le choix, selon la théorie du libre-arbitre. Toutefois, nous sommes en Géopolitique et c’est pourquoi il faut passer outre l’analyse philosophique : quel intérêt avait-il en effet à déclencher cette guerre ?
Une analyse circonstancielle est donc ici pertinente. Tout choix se comprend dans une situation, un contexte, en effet, particulier.
Politiquement
Selon différents articles, le pays semble approuver globalement la guerre en Ukraine lorsqu’elle se déclenche. Attention : il est aujourd’hui difficile d’évaluer la véracité/l’authenticité de ces articles. Si c’est réellement le cas, le Président consoliderait alors sa popularité dans son propre parti.
Sociologiquement
Comme dit par le Président russe, l’opinion publique russe a un très mauvais sentiment envers l’Europe et les Etats-Unis. Elle y voit un nazisme enkysté (d’où l’utilisation fréquente par Vladimir Poutine encore aujourd’hui de l’idée de « dénazification de l’Ukraine »). Elle veut récupérer le territoire ukrainien, qu’elle considère sien (ce n’est pas nouveau : c’était la même rhétorique en 2013 -2014 avec l’annexion de la Crimée).
Le complexe obsidional russe est en effet de plus toujours d’actualité : l’ « étranger proche » angoisse, s’il n’est pas acquis aux valeurs de la Russie.
Poutine voulait-il donc d’une guerre ? On ne sait pas. En tout cas, il l’a déclenché et semble vouloir s’affirmer politiquement auprès de son pays.
On peut ainsi parler d’un choix démagogique, populiste, avant de parler d’un choix militaire : celui de montrer à sa population qu’il attaque le monde avant que ce ne soit le monde qui l’attaque. Vladimir Poutine présente à ce titre cette guerre comme de la « légitime défense ».
Pas de marche arrière possible ainsi, car faire marche arrière serait encore plus paraître faible face à un monde qui semble bien évidemment déjà menaçant pour la Russie.
Une logique de spoliation des ressources : la théorie de l’attaque
Dans ce cadre, il faut analyser la deuxième théorie dominante : celle de l’attaque. A lire les productions de géopolitique contemporaines, traitant de ce sujet précis, il s’agirait plus d’une stratégie géoéconomique que politique.
En effet, la Russie aurait en fait un intérêt à attaquer l’Ukraine pour spolier ses ressources : c’est d’ailleurs ce que répète souvent Volodymyr Zelensky. Le « grenier de l’Europe » serait pleine de richesses, notamment agricoles et minières, que la Russie aimerait attirer à elle, par la force, dans le cadre d’une géopolitique ancienne, celle de l’invasion.
Uranium, gaz de schiste, fer pour les matières premières minières ; orge, maïs, blé, etc. pour les matières premières agricoles … Autant de raison de ramener à soi l’Ukraine d’un point de vue stratégique. On pensera aussi à la quantité astronomique de terres arables disponibles en Ukraine – plus grande surface de terres arables en Europe.
Enfin, au-delà du secteur primaire, le secteur secondaire est assez développé en Ukraine : nucléaire, parcs de chemins ferrés hyperdéveloppés et filières de l’armement sont disponibles en Ukraine, ce qui fait d’elle un endroit stratégique. La Russie attaquerait ainsi l’Ukraine pour ses richesses, pour son économie, dans le cadre d’une défense de ses intérêts dans la mondialisation, dans une sorte de colonialisme 2.0 qui paraissait suranné.
La Russie face à l’opinion publique mondiale : se défendre pour mieux attaquer
Face à cette logique qu’elle estime coloniale, la partie occidentale du monde contemporain prend des dispositions pour protéger l’Ukraine contre l’envahisseur. La guerre physique n’est pas ouverte contre la Russie, à ce titre, mais la guerre médiatique ou économique l’est largement.
Dans cette logique, la Russie se défend pour mieux continuer son périple ukrainien. Elle met en place des stratégies de propagande (par le biais de médias acquis à la cause du gouvernement russe), de manipulation de l’information à l’intérieur de son territoire (les lanceurs d’alerte sont emprisonnés), de discours guerriers et de modification du droit russe (lois martiales, etc.).
La Russie réquisitionne sa jeunesse, quitte à amoindrir la popularité de Vladimir Poutine. Elle achète des armes en masse. Et ce, pour mieux attaquer.
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