La frontière entre l’économie et la géopolitique est souvent très fine. Revenons aujourd’hui sur ce que vous devez connaître en économie pour pouvoir bâtir une bonne copie de géopolitique, à travers trois questions : Qui ? Quoi ? et Comment ? Ce panorama vise donc à travers ces trois questions, à étendre votre champ d’analyse face à un sujet de géopolitique et à y déceler les subtilités d’ordre économique. L’objectif de cet article est donc de répondre à la question suivante : comment utiliser mes connaissances d’économie en géopolitique ?
Si l’argent, comme la gloire et le pouvoir sont des éléments de rivalité entre les acteurs, il est important de sonder la partie « argent » pour comprendre et faire comprendre dans une copie comment les rivalités en sont conséquentielles.
Commençons par définir ce que l’on entend par économie :
Économie (n.f.) : Science descriptive, optative et prescriptive qui décrit, prescrit et évalue les stratégies de gestion des richesses dans un but choisi.
Par métonymie : Cet objet qu’on cherche à décrire, prescrire ou évaluer à savoir les stratégies de gestion des richesses (l’économie réelle), les résultats de ces stratégies (faire des économies) ou encore l’environnement dans lesquelles elles se déploient (économie nationale, économie d’entreprise). En particulier, l’économie étudie la manière dont les individus, les groupes, les sociétés utilisent des ressources rares en vue de satisfaire au mieux leurs besoins.
L’économie en géopolitique : de QUI parle t-on ?
L’économie, ce sont avant tout des acteurs (économie réelle, économie nationale, économie d’entreprise, ou sciences économiques). Ces acteurs se déploient à plusieurs échelles : macro, méso et micro.
L’échelle macroéconomique
L’échelle macroéconomique regroupe l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux qui rythment l’économie (États, OIG, institutions financières internationales, ONGs etc.).
Les États, par exemple, par leurs politiques économiques, déterminent le sens à donner à une action collective en économie. On connaît à ce titre ce que sont les politiques interventionnistes, protectionnistes, ou libérales d’un point de vue économique. En France, c’est actuellement Bruno Lemaire qui est le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, depuis 2022. Il avait avant cela d’autres titres : ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance de 2020 et 2022, et de 2017 à 2020, simplement ministre de l’Économie et des Finances. Ce qui peut faire dire que la fonction est toujours instrumentalisée politiquement selon la direction et le sens que l’on veut donner en tant qu’État à son action économique. Mais Bercy restera toujours Bercy cela dit.
L’échelle méso-économique
Ce sont tous les acteurs qui se situent entre le collectif et le particulier : les entreprises (TPE, PME, multinationales, etc.), par exemple.
Les entreprises par exemple, peuvent être de toute taille.
Quand elles sont internationales, il faut différencier ce que l’on appelle les transnationales ou les multinationales. Une firme transnationale est une entreprise qui a son siège social dans un pays d’origine et qui a créé des filiales dans un pays étranger. Une société multinationale est une société qui produit des effets économiques dans plusieurs pays. Ne pas oublier les GAFAM, les BATX ou les NATU.
L’échelle microéconomique
L’échelle micro, c’est l’étude des phénomènes économiques à ordres de grandeur réduits : relations interindividuelles, particuliers, individus.
Les échelles économiques ne sont donc pas les mêmes qu’en géopolitique. En géopolitique, on parlera d’échelle mondiale, régionale, internationale, nationale, infranationale et locale ; quand en économie on différenciera simplement les échelles macro, méso et micro, qui peuvent s’entrecouper avec les échelles géopolitiques sans pour autant s’y superposer.
La théorie et la pratique
- Les économistes : connaître les théories des économistes les plus connus peut apporter une vraie plus-value dans votre copie de géopolitique. Quelques exemples : les théories de Smith, Ricardo, Marx-Engels, Keynes, Friedman, Hayek, Stiglitz et autres (Malthus, Schumpeter, mercantilistes, Polanyi, etc.).
- Les professionnels de l’économie : les grands entrepreneurs (Musk, Bill Gates, Bezos, etc.), les startupers etc.
L’économie en géopolitique : de QUOI parle t-on ?
L’économie, c’est aussi l’étude des échanges de valeurs. Ces échanges de valeurs peuvent s’analyser de manière sectorielle.
Secteur primaire
Voir la richesse dans les produits bruts de la nature (agriculture/ élevage chez les physiocrates ; métaux précieux miniers chez les mercantilistes), c’est d’une certaine manière penser que l’économie se réduit au secteur primaire.
Cette conception est le reflet des sociétés agraires et artisanales, d’une époque préindustrielle.
Vous l’aurez compris, le secteur primaire, c’est l’ensemble des activités dont la finalité consiste en une exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines, gisements…
L’exploitation des énergies fossiles (Total, Exxon, Shell, etc.) relève donc du secteur primaire.
Secteur secondaire
Le secteur secondaire regroupe l’ensemble des activités consistant en une transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries manufacturières, construction).
Le secteur secondaire, c’est donc le secteur industriel et du BTP par excellence (Michelin, Vinci-Construction, Peugeot, Ugine, etc.).
Remarque : La théorie économique a l’habitude de dédoubler industrie et commerce. L’industrie transforme, quand le commerce vend des produits finis sans les transformer. Ce dédoublement n’existe pas en droit : l’industrie fait partie du commerce, et est soumise au droit commercial. A l’inverse des professions libérales, des artisans et des agriculteurs.
Secteur tertiaire
Selon l’INSEE, le « secteur tertiaire recouvre un vaste champ d’activités qui s’étend du commerce à l’administration, en passant par les transports, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et services aux particuliers, l’éducation, la santé et l’action sociale. ».
Encore selon l’INSEE, « parmi les personnes en emploi, 13,3 % travaillent dans le secteur d’activité de l’industrie, 6,7 % dans la construction, 2,5 % dans l’agriculture et 76,1 % dans le secteur tertiaire. La part du secteur tertiaire est de 87,8 % pour les femmes et de 65,1 % pour les hommes ; cet écart s’explique essentiellement par la forte présence des femmes dans l’enseignement, la santé, l’hébergement médico-social et l’action sociale ou encore les services aux ménages, qui emploient à eux seuls 41,8 % des femmes en 2018. Les autres secteurs d’activité se caractérisent par une plus forte présence masculine : 18,3 % des hommes travaillent dans l’industrie, 11,4 % dans la construction et 3,5 % dans l’agriculture. ».
Remarque : il n’est pas rare que des entreprises ou groupes se situent dans plusieurs secteurs en même temps. On pensera à Nestlé, à Vinci, à LVMH, etc.
Secteur quaternaire
Dans le prolongement des travaux de Colin Clark et d’Alfred Sauvy, certains auteurs ont enrichi la typologie traditionnelle des trois secteurs économiques en affirmant l’existence d’un quatrième secteur : le secteur quaternaire.
Le secteur quaternaire serait celui de l’économie sociale, occupé par les associations et fondé sur l’échange de services.
L’économie en géopolitique : COMMENT ?
Enfin, l’économie c’est l’étude des faits économiques. Dans ceux-ci, on peut différencier les faits spontanés et les faits provoqués.
Les faits provoqués
Les éléments de compétition entre les acteurs sont des faits provoqués. Quand une entreprise met en place une stratégie pour récupérer un marché par rapport à un concurrent, ou un État envahit un autre État pour des raisons économiques (voir l’article « La Russie en Ukraine : trois visions différentes du conflit »), ces éléments sont des faits provoqués.
Naturellement, les faits provoqués peuvent créer des faits spontanés, comme des rapports de force qui mènent à des tensions, troubles, désordres, etc.
Dans l’ensemble, il faut toujours sonder les types de faits provoqués, pour savoir quels effets spontanés ceux-ci produisent. Ensuite, définir les objectifs des acteurs dans un nouveau fait provoqué, sa stratégie, et la rentabilité de cette stratégie par rapport à l’objectif évoqué.
Les faits spontanés
Dans les éléments de faits spontanés, on peut citer : l’inflation, la mondialisation, etc.
Par exemple, la mondialisation peut être définie comme un processus de massification des flux de tous types, à laquelle s’ajoute une réticularisation grandissante des échanges avec interdépendance croissante des acteurs (définition inspirée de Jacques Lévy, L’invention du monde).
Étant un processus, elle est spontanée. Mais elle peut être aussi provoquée, tout comme l’inflation.
De fait les faits spontanés peuvent être aussi provoqués (une inflation artificielle, une accélération de la mondialisation).
Comprendre et savoir définir les concepts abordés dans cette fiche vous permettre de mieux appréhender la dimension économique de vos sujets de Géopolitique. N’hésitez pas à jeter un oeil au rapport de jury du sujet ESCP de 2021, où de nombreux autres concepts géoéconomiques (nb. définition de Luttwak) sont analysés dans une perspective géopolitique.
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