Comme chaque année, Mission Prépa présente son kit de survie des concours ECG/ECT. Sujets probables en ESH, conseils méthodologiques, astuces… Voici ce qu’il faut savoir afin d’aborder cette édition 2023 en ESH.
Comment se préparer efficacement aux épreuves écrites d’ESH ?
Ne négliger aucun chapitre
Le programme d’ESH s’organise au travers de 4 modules s’étalant de la première à la deuxième année de prépa. Vous devez absolument inclure dans vos révisions l’intégralité des chapitres de ces différents modules et ne faire AUCUNE IMPASSE. Ces cinq dernières années plus de la moitié des sujets tombés au concours portaient directement sur des notions abordées dans le programme de première année. Pour vous en convaincre, voici donc quelques exemples :
- Comment les révolutions technologiques influent-elles sur la croissance économique ? (ESCP 2022)
- Inégalités et croissance (ECRICOME 2022)
- Toute destruction est-elle créatrice ? (HEC 2021)
- La désindustrialisation : une fatalité ? La réindustrialisation : une utopie ? (ESSEC 2021)
- Le capitalisme est-il soutenable ? (HEC 2020)
- L’entreprise (depuis le XIXe siècle) peut-elle se passer de l’entrepreneur ? (HEC 2017)
- Croissance et inégalités (ESSEC 2015)
Je vous conseille donc très vivement de ne pas négliger le programme de première année dans vos révisions. Bien évidemment, certains chapitres paraissent plus importants que d’autres. C’est le cas notamment pour les chapitres de première année sur l’entreprise et les organisations, la croissance économique, le progrès technique… Nous y reviendrons en fin d’article, mais rien ne vous empêche de consacrer plus de temps à ces chapitres clés.
Adopter une stratégie de révisions efficace
À quelques jours des premières épreuves écrites, vos révisions en ESH se doivent d’être méthodiques. Elles doivent se fonder sur des fiches claires et synthétiques, comprenant pour chaque chapitre :
- Les théories économiques, sociales et historiques importantes : il vous est demandé d’apprendre par cœur le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage ainsi que sa date de parution. Pour chaque théorie, testez à l’oral votre capacité à restituer le propos de l’auteur, de la façon la plus pertinente possible. Classez les théories de votre cours par ordre d’importance et apprenez parfaitement les théories que vous jugez prioritaires. Il en va de même pour les représentations graphiques qu’il vous faudra apprendre avec soin. Attention : dans le cadre de la réforme ECG, les exigences en économie seront très sérieusement renforcées afin d’éviter la multiplication de références sans la moindre rigueur théorique. Il est donc important de privilégier la qualité à la quantité !
- Les définitions des concepts importants : croissance, inflation, compétitivité, libre-échange, développement, mondialisation… Votre cours regorge de concepts aussi importants les uns que les autres. Passez du temps dans l’apprentissage d’une ou plusieurs définitions par concept. Avec ou sans citation, peu importe : appropriez-vous ces définitions, elles vous seront d’une grande aide lors de l’analyse du sujet.
- Les événements historiques, dates clés et statistiques importantes : on ne vous demande pas d’être capable de nous conter l’histoire économique du 16ème siècle à nos jours. Mais bien d’appuyer vos propos par des faits et événements historiques de référence. Il est évident que sur un chapitre comme l’Europe par exemple, vous ne pouvez pas passer à côté des fondamentaux historiques liés à la construction européenne, l’histoire des politiques européennes…
- Les citations et « accroches types » : les correcteurs seront particulièrement attentifs à votre introduction. Pour chaque chapitre apprenez une citation ou une phrase qui pourra faire office d’accroche « par défaut ». Toutes les citations que vous apprendrez pourront par ailleurs être mobilisées dans votre développement.
Dans le cas où vous n’auriez pas un cours suffisamment clair et synthétique, notre dossier ESH récapitule l’ensemble des éléments de cours à connaître sur le programme de deuxième année pour aborder sereinement les épreuves écrites.
S’entraîner régulièrement sur des sujets
Prenez un peu de hauteur après avoir appris votre cours. Pour ce faire, je vous préconise de suivre la méthode suivante :
- Révisez les différents éléments de votre cours énoncés ci-dessus
- Pour chaque chapitre ou module, prenez une petite demi-heure pour analyser les différents sujets tombés sur ce thème les années précédentes.
- Choisissez un ou plusieurs sujets et prenez une demi-heure pour réaliser un plan semi-détaillé (analyse des termes / grandes parties + sous-parties)
- Confrontez votre travail à une correction/un rapport de jury trouvé sur internet
- Terminez par parcourir une bonne copie que vous pourrez retrouver sur le site d’Ecricome ou de la BCE. Analyser une copie ne prend pas plus de 15 minutes. Concentrez votre analyse sur l’introduction, la conclusion et les grands arguments développés dans les différentes parties.
Ce travail peut paraître fastidieux, mais il est particulièrement efficace. Rappelez-vous que la dissertation d’ESH n’est pas un exercice d’érudition. On ne vous demande pas de «recracher» votre cours sans réflexion. Il est donc indispensable d’inclure quelques-uns de ces différents exercices : d’autant plus que cela ne vous prendra pas plus d’une heure par chapitre/module.
NB : Même si l’actualité économique est à travailler tout au long de l’année, il est évident que cette période de révision est le moment idéal pour lire des publications de recherche, des articles ou des podcasts. Cela vous permettra de nourrir votre réflexion sur les grands enjeux d’actualité.
La stratégie à adopter le jour J
Soyez optimistes avant même la découverte de votre sujet. Quand bien même celui-ci vous paraîtrait difficile à première vue, battez-vous avec le sujet et faîtes confiance à la méthode de la dissertation pour l’analyser au maximum.
Au brouillon :
- Commencez par coucher à l’écrit la définition des termes du sujet, ainsi que toutes les idées qui vous viennent à l’esprit.
- Confrontez les termes entre eux afin de cerner les enjeux du sujet
- Problématisez le sujet en vous posant des questionnements de ce type : « quel est le problème du sujet ? » « En quoi ce sujet introduit-il des antagonismes dans la pensée économique, historique ou sociale ? (Au moins deux éléments de réponse oui / non) » « quel est le paradoxe, le point de tension du sujet ? » « Pourquoi ce sujet et pas un autre ? » « En quoi cette question / affirmation / citation pose-t-elle problème ? »
- Objectivez le problème sous forme d’une question : la fameuse « problématique » (forme interrogative directe ou indirecte)
- Pour construire votre plan, posez-vous la question suivante : « Comment dois-je organiser ma copie afin de répondre le plus efficacement possible au problème posé ? ». Trois types de plans sont souvent privilégiés : le plan dialectique (thèse – limite de la thèse / antithèse – réponse à la question / synthèse / levée de la contradiction), le plan historique (traiter le sujet au travers de trois périodes historiques distinctes) et le plan analytique (tenant largement de l’analyse faite du sujet – celui-ci fonctionne notamment lorsque le sujet invite à une analyse « descriptive »)
- Construisez votre plan détaillé en donnant un titre à chaque partie et à chaque sous-partie. Dans l’idéal, chaque sous-partie doit comprendre : un argument principal – une théorie économique / historique ou sociale (avec auteur, titre souligné et date) – un exemple pertinent tiré de l’histoire ou de l’actualité pour illustrer votre propos
- Rédigez votre introduction ET VOTRE CONCLUSION entièrement au brouillon. J’insiste sur la conclusion, c’est extrêmement important. En faisant ce travail, vous saurez d’où vous partez et où vous allez. Cela vous empêchera presqu’inconsciemment de sortir du sujet en mentionnant des éléments qui n’entreraient pas dans la résolution du problème. N’hésitez pas à télécharger notre kit de survie ECG pour connaître la méthode la plus efficace pour construire une bonne introduction et une bonne conclusion d’ESH.
Sur le forme :
Avant toute chose je vous rappelle ce qui figurera sur votre sujet de concours et qui est bien évidemment nécessaire de respecter :
« Tout verbiage doit être évité et il est expressément recommandé de ne pas dépasser huit pages, sauf justification par la qualité du résultat. Il sera tenu compte des qualités de plan et d’exposition, ainsi que de la correction de la langue. Aucun document n’est autorisé. L’utilisation de toute calculatrice et de tout autre matériel électronique est interdite. »
Par ailleurs stylistiquement parlant, quelques écueils sont à éviter :
- Les expressions inutiles et lourdes : Tout d’abord, pour conclure, comme (je l’ai) dit précédemment, force est de constater…
- Les anglicismes et les mots inexistants : USA, impacter, booster…
- L’oublie de la ponctuation et la mauvaise écriture. Concentrez-vous notamment sur l’introduction et la conclusion pour écrire proprement et lisiblement !
Sujets et thèmes probables : mes pronostics pour cette édition 2023
Disclaimer important : comme précisé ci-dessus, ne faîtes l’impasse sur aucun chapitre et préparez-vous à devoir traiter un sujet sur l’ensemble des chapitres d’ESH. Au vu de l’actualité et de la récurrence de certains thèmes, je vous donne mes pronostics pour ces concours 2023. Il s’agit de « sujets probables » sur lesquels vous devriez porter une attention particulière. Au risque d’en décevoir certains, je n’ai malheureusement pas de boule de cristal !
Les thématiques brûlantes à bien travailler
- Endettement, crise et croissance économique : il est de mon point de vue fort probable qu’un sujet interroge sur la question de la soutenabilité de la dette. Il vous faut donc bien comprendre les liens entre déficit public, dette publique et croissance économique. De même que ce sujet pourrait interroger sur le lien entre endettement et sortie de crise. Exemple de sujet sur ce thème : « La sortie de crise en Europe passe-t-elle par le désendettement public ? » (La correction de ce sujet est présente dans notre dossier) – « Croissance et dette publique depuis le XXème siècle », « L’endettement des agents économiques entraîne –t –il nécessairement l’économie vers une crise financière ? »
- Les politiques économiques comme outil de régulation des déséquilibres et des crises : l’efficacité des politiques conjoncturelles, structurelles pour faire face à différents déséquilibres (inflation, chômage, crises financières). Attention à la technicité du thème : les correcteurs risquent d’être particulièrement exigeants sur votre compréhension des théories économiques majeures sur ces sujets. Ne laissez donc pas place aux approximations dans vos révisions. L’ajout des modèles IS-LM-BP et OG-DG au programme d’ESH ne peut que le confirmer…
- La croissance économique à l’aune des enjeux sociétaux et environnementaux : l’ajout du sous-chapitre « 2.1.3. La soutenabilité de la croissance et du développement » dans le programme d’ESH ainsi que l’omniprésence de cette thématique dans les plans stratégiques des écoles de commerce sont un indice fort de cette orientation. Ce thème est d’autant plus crucial que les défis sociétaux et environnementaux du siècle sont plus pressants que jamais, et que la stagnation économique (séculaire dira t-on) semble inéluctable. Les réactions des États face à cette situation seront déterminantes pour l’avenir de la planète, et la capacité à trouver des solutions durables et équitables est d’ores et déjà un enjeu majeur. Dans ce contexte, il s’agira de faire preuve d’une solide compréhension des mécanismes économiques, mais aussi d’une réflexion approfondie sur les enjeux de développement durable, des modèles de croissance alternatifs et de justice sociale.
- Le vieillissement de la population et ses conséquences : la crise de la Covid-19 a certes donné une dimension nouvelle (sanitaire) aux conflits intergénérationnels. De nombreux pays font face à un vieillissement de leur population qui comporte un double défi économique et sociologique majeur sur le moyen/long terme. Cette thématique est plus que jamais au coeur de l’actualité, à l’heure où l’avenir de la retraite par répartition se pose largement en France et où la Chine vient d’annoncer un plan historique de retraite par capitalisation. Et pour cause, à horizon 2050, les retraités représenteront 2/3 de la population chinoise ! Méfiance donc, car cette thématique est très peu tombée ces dernières années. Inutile de vous dire qu’il vous faut porter une attention particulière sur les liens unissant la croissance et le vieillisement de la population. Les concepteurs pourraient être tentés de vous titiller sur le sujet suivant par exemple : « croissance et vieillissement démographique. »
- Ouverture des économies et crises financières : il existerait un lien direct entre la mondialisation et la nature des crises. La crise de la Covid-19 est, par nature, une crise internationale en ce sens qu’elle a une origine pandémique. La résorber nécessite une certaine coopération à l’échelle internationale. Or, dans un monde globalisé, n’est-ce pas la caractéristique intrinsèque commune à toutes les crises financières ? Le sujet ESCP tombé en 2008 était le suivant : « l’ouverture internationale a-t-elle modifié fondamentalement la nature des crises financières ? » Celui-ci est particulièrement en phase avec l’actualité du moment.
- La stabilité des prix et ses conséquences : là encore, une thématique au coeur de l’actualité liée à la crise de la Covid-19 et plus récémment aux conflits en Ukraine. En l’espace d’une décennie, le retour de l’inflation a succedé à un monde sans inflation (sujet ESH ESCP 2021). Cette hausse brutale des prix, à l’origine de politiques monétaires et budgétaires actives dans un contexte de crise, mais aussi à des chocs d’offre négatifs, revête des conséquences socio-économiques certaines pour de nombreuses parties prenantes – en commençant par les agents économiques, les opérateurs financiers, les banques centrales mais aussi les administrations publiques au sens large.
Les autres thématiques très probables
- Les sujets de première année susceptibles de tomber : la désindustrialisation/réindustrialisation, la concentration des entreprises / les déséquilibres de marché / le monopole, l’innovation, les inégalités de développement, l’avenir du capitalisme et la productivité. Le concept de croissance est au cœur de la plupart des sujets. Il est indispensable de réviser ce chapitre avec précision.
- Les points d’attention à avoir sur le programme de deuxième année : travaillez en profondeur l’ensemble des chapitres sur la mondialisation économique et financière, la monnaie (taux de change, SMI…) et le chômage. Ces thématiques, ont la double caractéristique, d’être en lien direct avec l’actualité des deux dernières années et de ne pas être tombés depuis 3 à 5 ans. Par ailleurs, un sujet sur l’Europe est également susceptible de tomber cette année. Une Europe sans le Royaume-Uni, un plan de relance à l’échelle européenne, des débats sur la fiscalité en Europe, sur une Europe monétaire… Sans vouloir résumer les sujets probables au concept de « crise », il est clair que l’union européenne, tout comme de nombreux autres ZIR, semblent avoir des difficultés à faire face aux chocs.
Quelques sujets probables aux concours 2023
Épreuve HEC-ESSEC :
- La sortie de crise en Europe passe t-elle par la lutte contre l’inflation ?
- Crises et capitalismes.
- Les sociétés vieillissantes sont-elles condamnées ?
- La courbe de Phillips existe t-elle encore ?
- Relocaliser, réindustrialiser : dans quels buts ?
Type ESCP-SKEMA :
- Chaînes de valeur mondiales et dépendances.
- Est-ce vraiment la concurrence qui détermine les choix des entreprises dans une économie capitaliste ?
- Y’a-t-il une limite à l’endettement public?
- Dans quelle mesure la contrainte environnementale peut-elle modifier la nature des politiques économiques ?
- Le risque d’une guerre des changes dans les économies développées.
Sujets type ECRICOME :
- Fallait-il construire l’europe monétaire ?
- Une croissance sans fin ?
- La mondialisation économique a-t-elle modifié fondamentalement la nature des crises financières ?
- Le plein emploi : un objectif prioritaire ?
- « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire » Que pensez-vous de cette affirmation de Milton Friedman ?