La puissance est un concept des plus important en géopolitique – si ce n’est LE concept le plus important. Il pourrait faire l’objet d’un sujet aux concours. Mais même si ce n’est pas le cas, il est d’une importance capitale dans chaque sujet qui tombera le jour de vos épreuves.
Définition et fondamentaux de la puissance
On peut commencer par donner la définition de Gérard Dorel, une puissance est « un État qui dans le monde se distingue par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques ». Ainsi, il semble y avoir certaines caractéristiques indispensables depuis le siècle dernier pour s’affirmer comme une puissance. On peut à ce titre évoquer les deux champs de la puissance que distingue Joseph Nye : le « soft power » (pouvoir non coercitif, en particulier l’influence culturelle) et le « hard power » (pouvoir coercitif, en particulier le pouvoir militaire, mais pas seulement).
On note donc trois fondamentaux historiques de la puissance. Le premier est la démographie : avoir une population importante n’est pas tant crucial si elle n’est pas gérée, il faut que le gouvernement gère la transition démographique (comme l’a fait le gouvernement chinois avec la politique de l’enfant unique).
Le deuxième est le territoire, là encore un grand territoire n’est pas signe de puissance (même si cela peut aider). Le tout est de bien gérer son territoire : le territoire de Russie est un avantage, car présent sur deux continents ; mais cela peut aussi être un facteur de diminution de la puissance, la Russie doit employer des moyens importants pour maintenir les routes à travers le pays par exemple. Enfin, le hard power reste une constante de l’affirmation de la puissance (qui repose sur un volontarisme, un désir politique).
Un nouveau paradigme de la puissance au XXIème siècle ?
Cependant, on voit que ces composantes qui faisaient la puissance d’hier ne sont plus suffisants. Elles restent fondamentales, mais plus suffisantes. Cela est dû à plusieurs facteurs, dont l’innovation ou l’importance qu’ont pris de plus en plus de pays sur la scène internationale. On peut donc distinguer trois nouvelles composantes essentielles de la puissance au XXIème siècle.
La première composante est l’importance des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui sont devenues indispensables à développer pour toute grande puissance. On le voit notamment avec l’importance qu’ont pris certaines entreprises de ce secteur dans la politique de certains pays. On peut penser aux GAFAM pour les États-Unis, mais aussi à une entreprise comme Huawei pour la Chine.
La deuxième nouvelle composante de la puissance est le droit et la modification des normes. Les États-Unis l’ont bien compris en ce début de siècle, et l’Europe a notamment du mal à s’imposer sur ce domaine. Le dernier élément clé de la puissance au XXIème siècle est un élément qui était déjà notable, mais qui a gagné en importance : le soft power. En effet, on peut considérer que le soft power est revisité, notamment car les modes de communication ont changé ; mais il est désormais incontournable, notamment car la communication est devenue fondamentale.
Pour une recomposition de la géopolitique mondiale
Ce qui faisait la puissance d’hier ne fait donc plus celle d’aujourd’hui, et les États ont besoin de nouveaux éléments pour s’affirmer. En fait, il apparait qu’être une puissance complète se fait de plus en plus difficile. On l’a donc compris, on assiste à une refonte du système géopolitique mondial.
Premièrement, la hiérarchie des puissances a été transformée. Certains ont profité des nouvelles composantes de la puissance pour s’affirmer et devenir une grande puissance ; d’autres ont rencontré des difficultés pour s’adapter dans ce monde changeant. Ainsi, l’Europe parait quelque peu à la traine, alors que les pays d’Asie du Sud-Est, et particulièrement la Chine se voient sur la pente ascendante dans la hiérarchie des puissances. Les États-Unis ont, eux, réussi à s’adapter et à rester une puissance de premier plan. Plus largement, de nombreux États s’affirment aujourd’hui comme des puissances régionales, des puissances « moyennes ».
On peut donc mettre en avant l’idée de décentrement du monde, avec autrefois un monde centré sur les grandes puissances (États-Unis, Europe, URSS, Japon), et aujourd’hui un monde où de très nombreux pôles jouent un rôle important. Alors, il est impossible de noter un ou des centres dans le monde, c’est pourquoi le terme de décentrement est adapté à l’analyse de la situation géopolitique actuelle.
Ainsi, réfléchir sur la notion de puissance, c’est analyser la géopolitique mondiale. On arrive à cerner des enjeux politiques, géographiques, historiques… C’est ce qui fait l’importance de cette notion lors de vos deux années de prépa ECG, notion à ne pas négliger donc.
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