Cet article n’est pas une correction officielle mais bien un outil pédagogique pour vous, vous permettant de cibler les grands éléments à inclure dans votre dissertation et identifier les éléments qui vous manquaient. Il s’agit donc d’un support de correction possible parmi tant d’autres. Voici donc une correction type sur le sujet suivant : « Influence et limites des Banques Centrales sur l’activité macroéconomique ».
I) Introduction type sur le sujet
En 2009 après que le premier ministre grec ait avoué que les comptes publics de son pays avaient été falsifiés et que le déficit public était de 12 et pas de 4%, les primes de risques sur des titres de dette publique grecque augmentent fortement. Alors que le risque de faillite de l’État grecque et que l’écart entre taux d’intérêts à LT sur les dettes européennes augmentent, menaçant la zone euro d’implosion, Mario Draghi prononce quelque mots qui feront immédiatement cesser la spéculation contre les dettes européennes: le directeur de la banque centrale européenne annonce qu’il sauvera l’euro « quoi qu’il en coûte ».
Cet exemple montre à quel point l’influence que peut avoir une banque centrale sur l’économie dépasse les mesures contra-cycliques qu’il peut mobiliser. Le directeur de la banque centrale a par ses propres mots eu un impact sur l’activité macroéconomique car il dispose d’une crédibilité puissante suffisante pour restaurer les anticipations confiantes des agents.
Le directeur de la Banque centrale tire son pouvoir d’influence de la confiance hiérarchique qu’ont les agents en l’institution monétaire- La banque Centrale-. La banque centrale est en effet l’institution monétaire publique qui détient le monopole d’émission de la monnaie centrale d’un pays et dont la mission est de réguler le système bancaire et la quantité de monnaie en circulation par l’augmentation ou la réduction du prix- c’est-à-dire les taux directeurs- de la monnaie centrale proposé aux banques commerciales. Questionner le rôle de la banque centrale dans l’activité macroéconomique c’est donc traiter de son statut dans l’économie depuis 1945 car auparavant la banque centrale n’était pas ce pouvoir public en charge de la politique monétaire. Le rôle de la Banque centrale se pose particulièrement depuis la fin des Trente Glorieuses , date à laquelle cette institution se met à exister indépendamment du Trésor public.
D’après la définition de la banque centrale, cette dernière a un objectif purement monétaire, celui de réguler la masse monétaire via ses taux directeurs, c’est-à-dire préserver la stabilité des prix. Pourtant, comme l’illustrent les paroles de Mario Draghi, le banque centrale dans sa mission de préservation de cette confiance en la monnaie pourrait aller au delà de la stabilité des prix en agissant sur des agrégats réels, soit ce qu’on appelle l’activité macroéconomique : consommation ,emplois, investissement…Ces interventions semblent toutefois marquer dans leur impact parfois limité les faiblesses institutionnelles de la banque centrale, bâtie d’abord autour d’objectifs monétaires, pas réels.
Quel bilan mitigé peut-on donc tirer de l’action conjoncturelle des banques centrales sur l’activité macroéconomique ?
II) Développement
1) Les banques centrales ont eu un réel impact sur le cycle des affaires, en sachant adapter leurs outils de politique monétaire au contexte macroéconomique
A) Les canaux de transmission de la politique monétaire conventionnelle ont une influence sur la stabilité des prix mais aussi sur d’autres agrégats
Au moins 2 canaux pleinement opérants ont une influence certaine :
Le canal du crédit : la baisse du taux directeur augmente l’offre de monnaie centrale (M0) donc conformément au multiplicateur de crédit, la capacité d’octroi de prêts par les banques commerciales augmente. La hausse du crédit stimule la demande intérieure donc la croissance.
Exemple : En 1981, le nouveau gouverneur de la Fed Paul Volcker augmente les taux directeurs jusqu’à 20% pour juguler l’inflation. Un credit crunch (baisse brutale du taux de croissance du crédit) s’ensuit, entraînant une récession aigue en 1981-1982 et un taux de chômage > 10%.
Le canal du taux de change : conformément au modèle IS-LM-BP, dans un contexte de changes flexibles et de forte mobilité des capitaux, la politique monétaire a un impact important sur le taux de change via les entrées/sorties de capitaux qu’elle engendre.
Exemple : toujours en 1981, la hausse des taux courts américains entraîne un afflux de capitaux étrangers vers notamment des titres de dette américains devenus très rentables. Le dollar s’apprécie considérablement mais en retour entraîne une baisse des exportations.
B) De plus, une nouvelle politique monétaire non-conventionnelle généralisée en 2009 a permis d’éviter un effondrement économique
La politique monétaire non conventionnelle désigne le contrôle la masse monétaire par les quantités et non pas par les prix. La Banque Centrale utilise son Bilan pour acheter/vendre des actifs financiers (Quantitative Easing/ Quantitative Tightening).
D’abord apparu au Japon en 2004, il se généralise en 2009 après la GFC et prend le relais de la politique monétaire conventionnelle avec plus d’efficacité.
Exemple : Le Quantitative Easing en Europe a permis d’éviter un effondrement des crédits accordés aux ménages et aux entreprises. Faute d’avoir pu stimuler la croissance, cette politique a évité une spirale déflationniste.
Le Qualitative Easing a su aussi faire disparaître les actifs financiers pourris, ceux là même qui empêchaient les banques de se prêter des liquidités.
2) Néanmoins son action sur la sphère réelle semble naturellement limité, tant en raison d’une neutralité de la monnaie que d’une plus grande efficacité de la politique budgétaire
A) Il est normal que la banque centrale ait peu d’impact sur l’économie réelle dans une hypothèse de monnaie neutre
Milton Friedman estime en 1956 dans The Quantity Theory of Money : A Restatement que la monnaie a des effets transitoires à court terme seulement. Une politique monétaire expansive crée un effet de richesse positif qui aboutit à un revenu transitoire positif, c’est-à-dire que le revenu à l’instantané que les agents observent est supérieur à leur revenu permanent (Revenu observé = Revenu permanent + Revenu transitoire normalement nul). Le revenu transitoire est confondu comme étant une augmentation du revenu permanent, les agents vont alors plus consommer mais les prix augmentant ils corrigeront leurs erreurs car leur revenu permanent paraît impacté. À la fin, une relance monétaire n’a aucun effet sur la consommation.
B) Même en se plaçant dans une hypothèse de monnaie active, la politique budgétaire reste préférable à la politique monétaire concernant l’influence sur les agrégats réels
Même d’après Keynes qui croit en des effets de la monnaie sur l’activité réelle, la politique monétaire est une politique d’accompagnement de la politique budgétaire, seule même d’agir décisivement sur l’activité réelle.
Exemple : Les mesures de la Fed en 2008-2009 furent efficaces car accompagnées d’une relance budgétaire . Ce n’est pas le cas en Europe où la politique budgétaire redevint relativement vite restrictive tandis que la politique monétaire est restée ultra-expansive. Ce policy mix contradictoire explique selon certains économiste le différentiel de croissance USA-Europe post-2009.
3) Un plus grand impact macroéconomique de la politique de la banque centrale pourrait passer par l’intégration dans ses objectifs de la stabilité financière
A) Il est normal que la banque centrale ait peu d’impact sur l’économie réelle dans une hypothèse de monnaie neutre
Une limitation illustrée par le phénomène de trappe à liquidité : Keynes en 1936 dans Théorie Générale de l’Emploi de l’intérêt et de la monnaie explique que lorsque que le taux directeur est à 0 les agents privés spéculent sur une remontée des taux d’intérêt qui marquerait une baisse du cours des obligations, ils ne placent pas donc pas et demandent un maximum de monnaie liquide pour acheter plus tard des obligations, ce qui entraîne une stagnation de l’investissement. Les limites de la politique monétaire sont donc liées à l’existence d’une spéculation liée à des marchés financiers.
De fait, l’abondance de liquidités est utilisée depuis 5 ans pour diverses opérations financières (opérations de fusions acquisitions, share buy-back ou endettement de la part des entreprises pour acheter de leurs propres actions…) plutôt que pour augmenter le crédit disponible à la sphère réelle.
B) Le rôle de la politique monétaire dans l’instabilité financière
Ben Bernanke ancien gouverneur de la Fed explique entre autres la crise de 2008 par la politique monétaire accommodante de la Fed à partir de 2001.
Le canal du prix des actifs: une baisse du taux directeur baisse la rentabilité des titres de dette, ce qui pousse les capitaux vers le marché des actions ou d’autres actifs plus risqués mais plus rentables. Ainsi, les bulles spéculatives dans l’immobilier ou dans les actions (Exemple: Japon des années 1980) ou dans des titres de dette plus risqués (Exemple: les subprimes années 2000 aux États-Unis) ont mené à des crises dans l’économie réelle et ont toujours eu pour origine une politique monétaire laxiste, parce que cette dernière ne regarde pas les agrégats financiers.
Nécessité de prendre en compte l’évolution de prix d’actifs comme objectif cible de la banque centrale au même titre que l’inflation des biens et services.
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