Appréhender la complexité en géopolitique

par | 27 Sep 2022 | Géopolitique

A l’occasion de la conférence inaugurale de rentrée des premières années PGE à Audencia, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec les invités autour du thème de la complexité des conflits et de leurs conséquences sur la géopolitique mondiale. C’est dans ce contexte que les étudiants ont pu poser une multitude de questions à Pascal Boniface, fondateur et directeur de l’IRIS. Nous avons également pu brièvement nous entretenir avec lui en marge de l’évènement.

Des relations internationales de plus en plus complexes

© Charlotte DEFARGES-AUDENCIA

Le concept de conflit couvre un thème très large en géopolitique et est à nuancer avec la simple rivalité ou la guerre. Une rivalité peut mener à un conflit alors qu’une guerre en est presque systématiquement un.

La fin de la guerre froide a pu avoir des effets pervers sur la perception des relations internationales : si les US sortent vainqueur et imposent leur pax americana, c’est en réalité vers leur pire ennemi qu’ils doivent se tourner désormais : eux-mêmes. Avoir un ennemi commun ancré dans un conflit, cela permet de souder une nation et de justifier des choix polémiques en temps difficiles. Cela s’est traduit par une politique va-t-en guerre douteuse contre le terrorisme, hissé comme avatar d’un nouvel ennemi à abattre.

Lorsqu’on évoque la rivalité Washington/Pékin, Pascal Boniface illustre cela avec le piège de Thucydide. Le piège de Thucydide est un concept de relations internationales qui désigne une situation où une puissance dominante entre en guerre avec une puissance émergente, la première étant poussée par la peur que suscite chez elle cette dernière du fait de sa montée en puissance. Cette rivalité est une aubaine pour resouder une société américaine divisée autour d’un ennemi commun.

Dans un monde où les frontières sont de plus en plus floues, la puissance se redessine sous des formes parfois imperceptibles. Le monde virtuel prend de plus en plus l’ascendant sur les transactions informatiques et financières, le « nerf de la guerre ».

Aujourd’hui, la meilleure façon de paralyser un pays est de court-circuiter son réseau électrique ou de le pirater : banques, hôpitaux, administrations, … le système s’écroulerait. Les conflits directs se font de plus en plus rares, même si l’actualité russo-ukrainienne me fait mentir. Le monde se virtualise de façon exponentielle et les exemples ne manquent pas : cryptomonnaies, cyberspace, blockchain, digitalisation des entreprises…. Un pilote de drone se retrouve à faire la guerre et à potentiellement tuer des cibles alors même qu’il se trouve à des milliers de kilomètres du champ de bataille … cela paraît ubuesque si l’on compare par exemple au conflit armé de 14-18.

Sortir de la vision manichéenne du monde pour mieux l’appréhender

Une chose est sûre, pour mieux comprendre le monde et les conflits, Pascal Boniface recommande à tout un chacun de se former aux basiques de la géopolitique et de l’anglais. Nous ne pouvons plus vivre dans notre petite bulle et ignorer les enjeux qui dépassent le cadre national (ceux-ci ne sont déjà pas toujours bien compris). La géopolitique n’est pas inaccessible mais nécessite de s’y initier, tout d’abord en s’informant régulièrement de l’actualité internationale.

Boniface évoque une « Disneylisation » des relations internationales : il n’est plus question de « gentils » et de « méchants », la perception fine des enjeux des situations globales et régionales nécessite une connaissance des aspects économiques, technologiques, environnementaux, socio-culturels, politiques et diplomatiques.

La complexité est à encenser plutôt qu’à éviter : il est indispensable de l’accepter et de faire preuve de nuance. Les médias jouent un rôle parfois dangereux : via la simplification des informations les enjeux internationaux sont souvent représentés de façon binaire, ce qui dessert la cause géopolitique dans son ensemble : c’est faire preuve de paresse intellectuelle.

Les notions de démocratie et de droits de l’homme peuvent parfois être à géométrie variable : si l’on reproche à la Chine son autoritarisme en la matière, nous sommes bien contents de la voir participer à l’OMC. Avec une autonomie stratégique européenne en état de « mort cérébrale », comment mener efficacement des négociations avec les principaux pollueurs en matière environnementale par exemple … La Chine ne veut pas qu’on lui dise ce qu’elle doit faire.

Le monde de demain est changeant, impermanent et d’une complexité multiforme. Pour appréhender les situations conflictuelles à venir et mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons, un effort intellectuel sera nécessaire de la part de chacun, afin de démocratiser la complexité plutôt que de la fuir, surtout dans le domaine de la géopolitique.

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