Dans la première partie de notre exploration, nous avons retracé le parcours historique du dollar américain, depuis son établissement en tant que monnaie dominante après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa période de turbulence marquée par la fin du système de Bretton Woods et l’érosion progressive de sa suprématie. Aujourd’hui, dans cette seconde partie, nous plongerons dans l’avenir du dollar, un horizon où les forces émergentes des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) prennent de l’ampleur et où de nouvelles puissances économiques concurrencent la position prééminente du billet vert sur la scène internationale.
Alors que le dollar américain a longtemps été le pilier des transactions commerciales et financières mondiales, les évolutions économiques et géopolitiques récentes soulèvent des interrogations quant à son avenir. La montée en puissance des BRICS, en particulier, est un phénomène qui pourrait remodeler l’équilibre mondial des devises. Dans un monde de plus en plus multipolaire, où d’autres acteurs économiques s’affirment, quel sera le destin du dollar américain ? C’est à cette question que nous tenterons de répondre dans les pages qui suivent, en examinant attentivement les dynamiques complexes qui façonnent le futur de cette monnaie emblématique.
Les BRICS face au dollar
Depuis la guerre qui a éclaté en Ukraine, les Etats-Unis se sont positionnés fermement en ce qui concerne leurs relations avec la Russie de Vladimir Poutine. Gel des réserves en dollars de la banque centrale, exclusion des banques russes du réseau international de communication Swift, interdiction des importations de pétrole de Moscou ; tant de sanctions faites à l’égard de la Russie qui alimentent de plus en plus le débat lié à la « dédollarisation » des économies – et notamment au sein de certains pays émergents.
Plus précisément, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) manifestent une volonté croissante de s’imposer face au dollar, symbole de la puissance occidentale. Si la menace n’est pas imminente, elle est toutefois à prendre en considération puisque ces cinq pays pèsent à eux seuls pour près d’un quart de la richesse mondiale. De plus, si les pays émergents étaient connus pour être dotés d’institutions moins solides en comparaison à celles que possèdent les pays développés, les chefs d’Etat des BRICS mettent un point d’honneur à réaliser leur projet plus qu’ambitieux, celui de détrôner le dollar. Réunis du mardi 22 au jeudi 24 août à Johannesburg en Afrique du Sud, les différents chefs d’Etat des cinq nations déplorent « une dictature du dollar » et veulent de fait adopter une monnaie commune afin de renforcer leur autonomie et de s’affirmer en tant qu’acteurs clés dans le système monétaire international.
Ce sommet avait également pour objet d’intégrer davantage de pays au sein de l’alliance afin d’augmenter leur poids économique et politique à l’international. En effet, l’adhésion de six nouveaux pays est à prévoir à l’horizon 2024 : l’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. D’ailleurs, l’Inde et les Emirats arabes unis ont récemment annoncé leur projet de rompre avec le dollar américain en signant un accord historique pour régler leurs échanges commerciaux en roupie et en dirhams. En outre, avant cet accord entre les deux nations, les raffineurs indiens étaient contraints de se procurer des dollars américains pour acheter du pétrole.
De plus, pendant environ 48 ans, une grande partie des acheteurs internationaux devaient payer le brut saoudien en dollar américain, mais cette époque est désormais révolue. En effet, le ministre saoudien des finances a annoncé en janvier la possibilité de commercer avec d’autres devises que le dollar au sein du royaume. In fine, ces différents exemples illustrent la volonté des pays émergents de multiplier les accords bilatéraux et internationaux pour contrer l’hégémonie du billet vert et accroitre leur poids économique et financier dans la scène internationale.
Le futur : qu’adviendra t-il du dollar ?
Si la dynamique historique du dollar nous rappelle que le système monétaire international n’est pas immuable et qu’un passage du dollar américain à une autre devise est possible comme ce fut le cas pour la livre sterling jadis, d’autres éléments d’ordre empirique nous permettent d’affiner l’analyse. En effet, s’il est vrai que le poids du dollar dans les réserves des banques centrales baisse tendanciellement ces dernières années en passant notamment de 65% en 2016 à 59% aujourd’hui selon les données du FMI, cela n’a pas profité à une devise particulière mais à plusieurs telles que le yuan, le yen, l’euro, le dollar canadien…
De plus, malgré les controverses suscitées à l’égard du billet vert, le dollar ne cesse de confirmer son hégémonie sur les plans commercial et financier puisqu’il représente 89% des transactions faites sur le marché des changes, 48,5% des émissions d’obligations internationales et 60% des facturations d’échanges commerciaux. D’ailleurs, l’économiste Chris Turner résume bien la situation actuelle puisqu’il argue que « Si on observe un léger déclin du billet vert dans les réserves des instituts monétaires, son hégémonie reste incontestée dans les autres domaines ». Par ailleurs, les inquiétudes des investisseurs concernant les négociations sur le relèvement du plafond de la dette américaine se sont fait ressentir ces dernières semaines puisqu’ils préfèrent investir dans le dollar – considérée comme une valeur refuge – au lieu d’acheter classiquement des actions ou des bons du Trésor.
Ces éléments illustrent donc le caractère robuste du dollar, qui n’est pas prêt de laisser la place à une autre devise pour le moment. Ce dernier inspire toujours la confiance auprès des investisseurs et aucune autre monnaie n’est suffisamment puissante aujourd’hui pour le concurrencer même si la Chine tente tant bien que mal de faire du yuan la principale monnaie d’échange et de règlement.
Bilan général
La conclusion est sans appel : s’il est notable que le système monétaire international (SMI) n’est pas immuable puisqu’on a connu historiquement le passage d’un système « étalon livre sterling » à un système « d’étalon dollar », la monnaie américaine n’est pas prête de céder sa place à une autre devise quand bien même le contexte actuel de la guerre en Ukraine, de difficultés de gestion de la dette et d’émergence d’une volonté de certains pays émergents de concurrencer le dollar laisserait présager le contraire. Tout ce que l’on peut affirmer avec certitude pour le moment, c’est que le SMI actuel tend à être de plus en plus « multipolaire », en accueillant davantage de devises autres que le dollar. De fait, il semble que la suprématie du dollar reste toujours d’actualité.
L’ESH avec Mission Prépa
Mission Prépa accompagne depuis plus de 4 ans des centaines d’étudiants en ESH, en proposant des cours et des entrainement rédigés pour performer. Cliquez-ici pour accéder à nos fiches complètes synthétisant ce qu’il vous faut savoir dans chaque chapitre pour être capable de traiter n’importe quel sujet de concours. Nos introductions et nos sujets entièrement rédigés vous permettront à la fois de progresser et d’être sûr que vous maitrisez les notions abordées dans cet article. Notre programme « Sujets probables » vous permet de vous améliorer chaque semaine en analysant et en rédigeant l’introduction d’un sujet que nous considérons comme probable pour les concours 2024. Si vous êtes intéressés, vous pouvez nous contacter par mail à contact@mission-prepa.com ou sur Instagram @missionprepa et consulter les différents témoignages de nos étudiants.