Cette année, le thème de la dissertation philosophique de A/L aux concours ENS et BCE est « La métaphysique ». Nous vous proposons dans cet article de revenir sur les attentes et attendus de l’épreuve de philosophie au concours de A/L (1/2), pour finalement les appliquer au thème de cette année dans un second article, « la métaphysique » (2/2).
Qu’est-ce que la philosophie ?
Le mot « philosophie », comme souvent en français, est polysémique. Il s’agira d’en donner les différentes définitions dont il se compose pour en faire ensuite la synthèse dans une philosophie de la philosophie.
Définir pour comprendre les attendus
« La philosophie » renvoie à plusieurs sous-concepts qu’il est nécessaire de distinguer :
- L’éducation philosophique : la matière de Terminale (la Philo), enseignée en prépa (exemple : l’épreuve de Philosophie), ou à l’université (exemple : cours de Philosophie), régie par des programmes pris en charge par des professeurs de Philosophie, dont l’exercice dépend des exigences du niveau académique indiqué.
- La méthode philosophique : plusieurs méthodes philosophiques existent, dont la méthode scientifique fait partie. Globalement, il s’agit toujours de l’art et la science de se poser des questions et d’y apporter des réponses. Les méthodes diffèrent dans la manière de trouver les questions et de leur donner des réponses.
- La pratique philosophique : l’application de la méthode ou des méthodes philosophiques choisies pour produire de la connaissance philosophique ou pas.
- La connaissance philosophique : le corpus de connaissances historiographiques, d’histoire de la philosophie, de la pensée, bref, l’ensemble de la littérature philosophique et des biographies de ses auteurs.
- Par métonymie, une école philosophique. Chaque méthode ou pratique philosophiques a donné ses propres objets et ses propres découvertes, si bien que ces corpus sont souvent désignés par le mot « philosophie » auquel on ajoute un adjectif qualificatif (exemples : philosophie éthique, métaphysique, morale, politique, économique, etc.) ou un complément du nom (exemples : philosophie des sciences, du droit, de l’esprit, philosophie des Lumières, etc.).
- Par métonymie, la communauté philosophique : la philosophie peut désigner l’ensemble de la communauté philosophique (fonctionnaires philosophes, étudiants philosophes, personnes reconnues comme ayant eu un apport philosophique, etc.).
- Un corpus de principes tournés vers l’action (c’est ma philosophie) : les entreprises par exemple adoptent parfois des philosophies, matérialisées par l’expression d’une « raison d’être », une « mission », d’une « vision », ou autres qualificatifs.
La philosophie de la philosophie
Ce travail permet ainsi de ne pas réduire la philosophie à son étymologie (philein : aimer/ poursuivre/ se plaire à + sophia : la sagesse, le fait d’être sage = aimer/poursuivre/ se plaire à le fait d’être sage), et de lui faire justice. Cela dit, son étymologie peut être réhabilitée par le fait que, globalement, la philosophie, c’est la réflexion personnelle rendue ou non collective. Il s’agit donc d’aimer/ de se plaire à réfléchir pour faire de la philosophie, de rechercher une certaine lucidité. Sinon, on lui donne une connotation négative : arrête de philosopher, c’est de la philosophie …
Un exercice différent de celui de Terminale
Attention, comme dit dans la rubrique « éducation philosophique », « l’exercice [de Philosophie] dépend des exigences du niveau académique indiqué ». La Philosophie n’est donc pas une matière homogène selon ce qui est demandé dans les exercices cibles.
Ainsi, par exemple, l’exercice de Philosophie du baccalauréat en Terminale n’est pas du tout le même que celui du concours, il faut donc imaginer le passage en prépa comme un avant/après. Il ne s’agit pas du tout des mêmes exigences : 3 parties au lieu de 2 parties, mais surtout exercice de pensée (concours) plus qu’exercice de restitution (bac).
Les attentes des concours
Il faut comprendre l’intérêt de l’épreuve de philosophie. Cet intérêt est à mettre en miroir avec les trois compétences les plus attendues dans le monde professionnel sur un CV : pensée analytique, communication interpersonnelle et influence.
- Pensée analytique : les questions et les distinctions comptent plus que les réponses.
- Communication interpersonnelle : émettre un message qui sera compris par le destinataire, et apprécié par lui.
- Influence : convaincre par les mots, persuader par le style et les références.
Il s’agit d’écrire passionnément, comme on débattrait passionnément d’un sujet qui nous tient à cœur auprès de nos amis.
Les attendus sur la forme
Du point de vue de la forme de la copie, on attend au concours :
- Une introduction (ouverture, définitions, problématisation, problématique, annonce de plan)
- Un chapeau pour annoncer la première partie
- Une première partie en 3 sous-parties (2 minimum, 4 maximum) qui interroge la première hypothèse
- Une transition (résumer la première partie et amener la deuxième)
- Un chapeau pour annoncer la deuxième partie
- Une deuxième partie en 3 sous-parties (2 minimum, 4 maximum) qui interroge la deuxième hypothèse
- Une transition (résumer la deuxième partie et amener la troisième)
- Un chapeau pour annoncer la troisième partie
- Une troisième partie en 3 sous-parties (2 minimum, 4 maximum) qui donne une solution, faisant office de fermeture
- Une conclusion (synthèse, réponse à la problématique, ouverture sur un sujet annexe = débordement).
L’introduction est un entonnoir : on commence par ouvrir le sujet par le ressenti qu’il nous procure, puis on arrive au sujet. On l’élargit encore plus en définissant chacun des termes, et en montrant qu’il peut se comprendre de multiples façons, plus que ce que nous avions ressenti d’ailleurs. Puis on le ressert, pour le problématiser, et on lui apporte une question qui reprend tous nos travaux précédents, mais en les précisant et en leur donnant une direction plus étroite.
Enfin, on annonce un plan qui est le bout de l’entonnoir : il donnera des parties plus larges, qui sont figurés par la bouteille dans laquelle on verse le fluide de notre réflexion, qui doit suivre un mouvement jusqu’à arriver au fond de la bouteille, la première partie, puis se remplir jusqu’à la deuxième partie, puis la troisième, jusqu’à la conclusion, qui débouchera sur un débordement, qui symbolise ici l’ouverture sur une autre question.
Un style élégant, ou au moins simple et efficace, dans le cadre d’une certaine correction de la langue, de la syntaxe et de l’orthographe est aussi attendu (persuasion, communication interpersonnelle).
Les attendus sur le fond
Sur le fond, il faut hiérarchiser les attendus, en fonction de leur importance dans le barème de correction.
Arts et sciences de poser des questions (pensée analytique)
- Des définitions précises, faisant état des polysémies du sujet et des mots du sujet proposé, comme ce que nous avons fait pour la philosophie
- Poser des questions et se poser des questions sur le sujet : Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Quelle différence avec un autre sujet ? Qu’est-ce qui est plus important ? Moins important ? Est-ce que ça existe ? A-t-on le choix ? Quels sens lui donner ? (typologies, référentiel, questionnement, jeu des 7 différences, hiérarchisation, existence, sens, origines, etc.). Utiliser les définitions pour confronter les mots entre eux et faire émerger des interférences.
- Répondre au sujet ! Quelle réponse apporter ?
- Le remettre en question. Le sujet est-il utile ?
- Trouver un équilibre à la solution proposée. Où se trouve l’équilibre à trouver entre les différents aspects du sujet ?
Arts et sciences d’apporter des réponses (influence)
- Conceptualiser !
- Apporter des illustrations à vos réponses.
- Les comparer et les confronter aux réponses et concepts des auteurs de référence.
- Prendre du recul sur les questions et réponses apportées.
Remarque importante : pensez à bien creuser dans votre développement la pensée des auteurs. Certains professeurs recommandent même de se limiter à 3 auteurs par partie pour se forcer à développer la réflexion de ces derniers sur au moins une bonne page, voire 2.
La philosophie avec Mission Prépa
Mission Prépa accompagne plusieurs dizaines d’étudiants de prépa AL/BL chaque année dans l’ensemble des matières piliers et notamment en Philosophie afin de les aider à performer aux concours. L’objectif est simple : vous proposer des cours particuliers avec des professeurs d’excellence pour maximiser votre progression. Pour en savoir plus sur le fonctionnement des cours ainsi que nos principaux professeurs, rendez-vous sur la page suivante.