La première mondialisation : dynamique et chiffres clés

par | 10 Déc 2022 | Cours, Economie, sociologie et histoire

La mondialisation économique apparaît comme étant un phénomène récent. En réalité, ce que l’on peut définir comme le processus d’intensification des flux de marchandises, de capitaux et de personnes entre pays conduisant à la création de marchés et d’acteurs économiques mondiaux, est un phénomène bien plus ancien.

Malgré ses évolutions et sa non-linéarité, il existe des similitudes entre la « Première mondialisation » s’étant étalée de 1850 à 1945 et la seconde datant de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et s’étant accélérée depuis les années 1990. Cet article se penchera sur cette première phase.

La dynamique de la mondialisation économique au 19ème siècle

Une évolution en dents de scie du commerce international

Les échanges de marchandises (biens manufacturés et produits de base) sont multipliés en volume par 25 entre 1800 et 1913 et croissent plus vite que la production mondiale, avec un net abaissement des barrières douanières à partir de 1850. Le cycle long de Kondratieff 1850-1896 est marqué durant sa phase A (ascendante) par une forte progression du commerce international, tandis que la période 1873-1896 (phase B marquée par la Dépression) voit cette tendance s’infléchir.

En revanche, les flux de capitaux et de personnes entre pays augmentent sans interruption : par exemple 50 Millions d’Européens migrent entre 1850 et 1925, 75% d’entre eux s’installant aux États-Unis, tandis que le stock de capitaux investis à l’étranger passe de 1 à 48 milliards entre 1820 et 1913.

La structure des échanges reste la même jusqu’en 1945 : 66% de produits primaires, dont 80% de produits agricoles, et un tiers de produits manufacturés. Le capital investi à l’étranger était surtout composé d’IDE dirigés vers la construction ferroviaire, plus des trois quarts par exemple des investissements directs britanniques aux États-Unis par exemple.

L’hégémonie européenne

Les États européens et en premier lieu le Royaume-Uni sont les acteurs de cette première ouverture commerciale et productive. La première puissance industrielle mondiale en 1846 et en 1849 abolit ses deux principales lois protectionnistes, les Corn Laws et le Navigation Act. L’ouverture commerciale devient Européenne à partir de 1860 et ce jusqu’en 1879. En 1860 l’accord de Cobden Chevalier est signé entre la France et le Royaume-Uni. L’innovation principale, la clause de la nation la plus favorisée, permet rapidement de constituer des relations commerciales entre tous les pays européens. La Russie s’ouvre en 1857, la Prusse au nom du Zollverein en 1862 par un accord avec la France. Les tarifs baissent mais ne disparaissent pas, notamment le secteur agricole européen qui est touché par les tarifs Méline (France) et Bismarck (Allemagne) à la fin du siècle.

Le Royaume Uni, leader commercial en 1850, devient progressivement déficitaire en termes d’échanges de biens notamment vis-à-vis de l’Allemagne. Mais les revenus issus des capitaux investis rééquilibrent sa balance des paiements et permettent même de refinancer des investissements à l’étranger, alimentant la croissance mondiale. Plus largement, les capitaux européens enrichissent les bourgeoisies européennes tout en intégrant les marchés régionaux par des investissements dans les infrastructures. Les chemins de fer ont par exemple permis l’intégration profitable de l’Amérique Latine au marché agricole mondial. Le colonialisme est l’expression la plus franche à ce titre de la logique de ce capital financier. Économiquement parlant, il recouvre la même logique que les IDE : sécuriser l’approvisionnement de l’industrie européenne et lui assurer des débouchés voire même des zones de monopole de vente par la colonisation.

1914 à 1945 : l’arrêt relatif de la mondialisation

Le temps de la fermeture

La crise de 1929 engendre une diminution d’un quart du volume du commerce international entre 1929 et 1932. Les taux d’ouverture et d’exportation retombent à des niveaux comparables à ceux de 1850.

Les causes sont multiples. La Grande Dépression, entraîne une série de dévaluations monétaires avec l’abolition du gold Standard par le Royaume-Uni en 1931 et les dévaluations du dollar en 1934 et du franc en 1936. Ces mouvements accroissent le coût des importations et plus généralement augmentent la volatilité des changes ce qui n’est généralement pas bon pour les échanges commerciaux.

De plus, les États-Unis instaurent le tarif Hawley-Smoot en juin 1930, érigeant 90% de droits de douane tarifaires. Les Français sont novateurs sur le plan des barrières non-tarifaires, puisque le pays invente les quotas d’importation en 1931.

Le troisième versant du protectionnisme est la préférence impériale par laquelle les pays intensifient les échanges avec leurs colonies, terres de monopoles pour leurs entreprises.

Mais cette situation ne doit pas faire oublier que les années 1920 présentent dans une moindre intensité la même situation monétaire et commerciale. Le tarif américain Mc Cumber fixe les droits de douane jusqu’à 38%, en Europe la moyenne va de 12 à 17%.

L’instabilité monétaire est aussi importante à partir du moment où les monnaies européennes de pays ruinés par la guerre et devenus emprunteurs ne peuvent plus assumer la convertibilité-or. La création du Reiten Mark après la crise hyper-inflationniste allemande est une grande dévaluation, la lire et le franc sont aussi dévaluées.

Une progression constatée des flux de capitaux sur la période

Le capital poursuit son internationalisation à un rythme moins élevé, le stock d’IDE double entre 1914 et 1939 et les Investissement de portefeuille et autres investissements plus spéculatifs s’accroissent particulièrement dans les années 1920. Les investissements des États-Unis vers les anciens empires centraux d’Europe sont notamment importants avant de se retirer brutalement après le krack 1929. Voici un premier exemple d’internationalisation des crises provoquée par des mouvements rapides de capitaux.

Les États européens partagent leur domination des flux commerciaux et de capitaux avec les États-Unis, tandis que d’autres pays s’affirment sans devenir de concurrents sérieux car ils demeurent peu exportateurs de produits de haut-de-gamme (Japon, URSS). Les Firmes américaines possèdent par exemple 30% des IDE mondiaux, contre 40% pour les firmes britanniques. Les États-Unis détiennent 16% des parts du marché mondial agricole et sont le 3ème exportateur mondial en 1939. Les firmes américaines deviennent plus actives à l’international que les firmes britanniques ; ce sont elles qui introduisent les stratégies de conquête de marché.

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